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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/165

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heures et jusque-là tout demeure en suspens.

Le temps s’écoule. M. Léon Bourgeois arrive chez M. Ribot et maintient son acceptation, malgré l’opposition croissante du groupe radical-socialiste, qui vient de décider de voter contre le ministère en formation. Le sénateur de la Marne demande seulement que, dans la déclaration ministérielle, il soit nettement indiqué que le nouveau cabinet entend s’appuyer sur une majorité républicaine. M. Ribot ne s’oppose pas à cette addition. Mais M. Jean Dupuy persiste à penser qu’un gouvernement présidé par un autre que M. Viviani aura, en ce moment, grand mal à obtenir une majorité de gauche. Malgré tout, le ministère est mis sur pied dans la soirée. Il est ainsi composé : M. Ribot, président du Conseil, à la Justice ; M. Léon Bourgeois, aux Affaires étrangères ; M. Delcassé, à la Guerre ; M. Camille Chautemps, à la Marine; M. Peytral, à l’Intérieur; M. Clementel, aux Finances ; M. Jean Dupuy, aux Travaux publics ; M. Maunoury, un sympathique député d’Eure-et-Loir, aux Colonies ; M. Dessoye, député de la Haute-Marne, Président de la Ligue de l’Enseignement, à l’Instruction publique; M. Marc Réville, au Commerce ; M. Dariac, à l’Agriculture ; M. Abel, au Travail.

Les grands journaux du mercredi 10 juin sont, en général, favorables au nouveau cabinet ; mais la Lanterne, le Radical, l’Humanité fulminent. Dans la Guerre sociale, M. Gustave Hervé intitule son article quotidien « Sur la route de Versailles » et il écrit : « La crise ministérielle est finie ; mais la crise présidentielle reste ouverte. Le pays veut aller à gauche : le mal élu de l’Élysée veut le forcer à aller à droite. Le pays demande Combes ; il lui