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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/164

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Roche, l’ancien ministre, qu’il a consulté sur la récente constitution monégasque et qui pourra saisir l’occasion de cette rencontre pour éclairer Guillaume II sur l’esprit pacifique de la France.

Dans la soirée du lundi 8 juin, M. Ribot vient me rendre compte des premiers résultats de ses démarches. Il est très optimiste et pense que son cabinet sera formé dans la matinée du mardi. Il a obtenu le concours de M. Léon Bourgeois pour les Affaires étrangères et celui de M. Delcassé pour la Marine. Il voudrait garder M. Noulens à la Guerre, mais il n’est pas encore sûr de son acceptation. À la demande de M. Ribot, je fais venir M. Noulens le mardi matin, mais je ne réussis pas à le convaincre. Il n’estime pas qu’un ministère présidé par M. Ribot soit viable. Les radicaux-socialistes n’ont pas pardonné au sénateur du Pas-de-Calais d’avoir autrefois combattu la séparation des Églises et de l’État. Après le refus de M. Noulens, M. Jean Dupuy, dont M. Ribot a demandé la collaboration, me confie à son tour sa déception et son embarras. Il ne croit pas à la durée du cabinet projeté.

De fait, M. Ribot revient à midi, les traits tirés, la figure allongée, la haute taille penchée comme un grand saule pleureur. Il n’est pas encore en mesure de publier la liste définitive de son cabinet. M. Jean Dupuy, atteint de pessimisme, contrairement à ses habitudes et à son tempérament, a présenté à la réunion du matin des observations qui ont jeté le découragement dans l’âme des futurs ministres. M. Léon Bourgeois, qui est allé dans la Marne, a, par téléphone, chargé son fils de demander qu’on attendît son retour avant de rien conclure. Il rentrera vers quatre