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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/18

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dit avoir reçu hier de l’Empereur Guillaume un télégramme l’informant de son élévation au grade de général de cavalerie. Il a ajouté qu’à raison de cette promotion, le Sultan l’avait, par un iradé rendu aujourd’hui, nommé maréchal. Le commandement du 1er corps d’armée est donné à un officier général ottoman. L’ambassadeur de Russie se montre très satisfait de cette solution qui, à son avis, clôt définitivement l’incident. » L’ambassadeur de Russie se contentait de peu et son gouvernement aussi. Le nouveau maréchal ne restait évidemment pas à Constantinople pour y courtiser quelque Aziyadé ou y fumer des narguilés. L’Allemagne jetait l’os à la Russie et conservait jalousement la moelle. Une fois de plus, la Triple-Entente donnait au monde distrait un éclatant témoignage de sa modération et de sa bonne volonté.

Au même moment, la France faisait preuve, à Berlin, d’autant d’abnégation que de patience dans les interminables pourparlers qui avaient trait aux chemins de fer d’Asie Mineure et à la ligne du Bagdad. Ces délicates négociations, inspirées par notre désir de faire disparaître partout les moindres traces de dissentiment entre l’Allemagne et nous, avaient commencé à la Wilhelmstrasse, le 15 novembre 1913, avant la démission du ministère Barthou. Elles avaient été précédées d’entretiens techniques entre les groupes financiers, allemands et français, intéressés aux affaires de Turquie. Mais c’étaient maintenant les gouvernements eux-mêmes qui se trouvaient en présence dans la personne de leurs délégués. M. Sergent, sous-gouverneur de la Banque de France, et M. Henri Ponsot, consul, avaient été chargés de