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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/21

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excessives qui se sont manifestées dans les milieux gouvernementaux et financiers allemands au sujet de la présence de Djavid Bey à Paris. Vous savez que le gouvernement français désire aussi vivement que vous maintenir la paix en Orient et qu’il s’y emploie. Nous avons des intérêts considérables en Turquie. Il est naturel que la Porte, si elle est sans ressources, s’adresse au marché de Paris, et nous ne pouvons accepter qu’on dise que, pour ouvrir ce marché, nous avons besoin de l’assentiment de l’Allemagne. » Le chancelier n’insista point, mais, dans la soirée, il reprit spontanément l’entretien. « C’est probablement, écrivait M. Jules Cambon, la réouverture des négociations engagées sur l’Asie Mineure qui l’avait conduit à me demander si les choses marchaient entre nous aussi bien qu’il y a un mois. MM. Sergent et Ponsot sont enclins à penser que le télégramme n° 46 qui me portait les instructions de Votre Excellence a été déchiffré ici et peut-être le chancelier en était-il impressionné. Quoi qu’il en soit, il m’exprima le vif désir que nous finissions par aboutir. Je lui répondis que nous le désirions autant que lui, mais que l’esprit de transaction devait être réciproque, car il importait que notre accord, s’il était conclu, fût accepté par l’opinion française. » M. de Bethmann-Hollweg riposta que, lui aussi, il avait à ménager son opinion, qu’il était critiqué de tous les côtés, que la France poursuivait, depuis quarante ans, une politique grandiose, qu’elle avait conquis d’immenses domaines dans le monde et qu’à son tour, l’Allemagne avait besoin de place au soleil. « Il y a trois ans, ajouta-t-il, nous vous avons encore laissé vous constituer un empire dans l’Afrique du Nord. Qu’avons-nous