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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/25

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où il emprunte à des historiens aussi qualifiés que MM. Ernest Judet, Demartial et Victor Margueritte, des allégations dont j’ai surabondamment démontré la fausseté. Bien mieux, pour essayer de se réhabiliter aux yeux des nationalistes allemands, il écrit sans rire que le gouvernement français a voulu faire assassiner M. Caillaux, afin d’étouffer la vérité sur les origines de la guerre. Voilà ce qu’un Allemand, qui a occupé un grand poste dans son pays, en est réduit à raconter aujourd’hui pour se faire pardonner d’avoir momentanément reconnu la culpabilité du gouvernement impérial. M. de Gwinner s’honorerait assurément davantage, s’il osait rendre justice à l’esprit de modération dont la France n’a jamais cessé de faire preuve et dont il a été lui-même témoin dans les négociations auxquelles il s’est trouvé mêlé.

Cet esprit de modération, M. Doumergue le poussa même si loin que, d’accord avec l’Allemagne sur les questions turques, il ne voulut cependant pas conclure une entente définitive avec la Porte avant d’avoir la certitude que les Ottomans ne se laisseraient pas aller à de nouvelles aventures.

Le 9 janvier, M. Boppe, chargé d’affaires en Turquie, avait télégraphié de Péra : « La situation a changé en Orient depuis une année que le gouvernement britannique s’est concerté avec le gouvernement de la République sur la question des îles. Les grandes puissances ont laissé le Comité reprendre Andrinople ; le gouvernement jeune-turc s’est consolidé ; il a fait, avec la Bulgarie, sinon une alliance offensive et défensive contre la Grèce, du moins des arrangements secrets, inquiétants pour ce dernier État ; il a acquis sur l’opinion musulmane une grande autorité par l’achat du