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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/26

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dreadnought brésilien et par la présence d’Enver Pacha au ministère de la Guerre. Les hommes qui ont tenu tète à l’Europe, lorsqu’elle a voulu leur imposer le respect de la ligne Enos-Midia ont conscience du succès qu’ils ont remporté sur elle. Ils peuvent, d’un jour à l’autre, et sans déclarer la guerre à la Grèce, jeter des troupes ottomanes dans les îles. »

Cependant, le 14 janvier, M. Venizelos, qui venait d’Italie et repartait pour Londres, nous avait, au passage, rendu visite, à M. Doumergue et à moi, et je ne l’avais pas trouvé trop pessimiste. Il se plaignait toutefois du gouvernement italien qui, disait-il, n’avait admis les revendications grecques en Épire que dans la proportion d’un tiers et encore sous réserve de l’approbation de l’Autriche. Il n’était pas non plus très satisfait de la Triple-Alliance qui, sous l’influence de la Turquie, ajournait toujours la réponse qu’elle avait promis de donner à Londres sur l’irritante question des îles. « Quant à nous, me répétait-il avec fermeté, nous ne renoncerons ni à Chio, ni à Mitylène, qui sont les deux îles les plus vastes et les plus riches et que ne saurait remplacer pour nous aucune autre de celles qu’occupe l’Italie, pas même Rhodes. Je rie redoute pas beaucoup, du reste, une attaque turque. Si la Turquie prenait l’offensive et si la Bulgarie s’avisait de sortir de la neutralité pour laisser passer l’armée ottomane, la Roumanie interviendrait. Nous sommes liés, elle et nous, par une convention qui garantit l’exécution du traité de Bucarest. Je lui avais proposé une alliance proprement dite. Elle n’a pas voulu aller jusque-là pour le moment. Mais je ne désespère pas d’obtenir mieux et le jour où la Grèce et la Roumanie