Aller au contenu

Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus qu’en France, on désire la guerre, quoiqu’on n’ait pas chez vous une idée très exacte de notre puissance militaire. Dites-vous bien que, jamais, à aucune époque de notre histoire, notre armée n’a été aussi prête qu’elle l’est à l’heure actuelle. Le grand danger, c’est l’Angleterre, qui vous poussera à nous attaquer, dans l’espoir de manger la châtaigne. »

Ainsi, briser notre amitié avec l’Angleterre, laisser l’empire des mers à l’Allemagne, oublier le passé, répudier nos souvenirs, exploiter le Maroc, voilà ce que vous devons faire, si nous écoutons les conseils de l’amiral von Tirpitz. En échange, il nous promet la paix, tout en prenant soin de nous dire que l’armée allemande n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui. L’entente cordiale rompue, la France à la merci de l’Allemagne, telle est la paix allemande. Peut-on sérieusement espérer que ce serait la paix européenne ?

Pendant que l’amiral de Tirpitz nous parle si violemment de l’Angleterre et s’efforce de nous détacher d’elle, l’Allemagne paraît renouer des intrigues dans les Balkans. M. Dumaine télégraphie à M. Doumergue : « Vienne, le 24 janvier 1914. On m’affirme que le gouvernement allemand a pris nettement position contre l’extension du trust austro-français au réseau est des chemins de fer orientaux. M. de Tchirschky aurait même formulé sa protestation dans une note des plus péremptoires. L’Allemagne entend que la ligne de Roumélie soit considérée comme le prolongement de son réseau d’Anatolie ; elle n’en admettra jamais la cession à une compagnie étrangère. Mon informateur, vraisemblablement autorisé par le Ballplatz à me faire cette confidence, ajoute que le cabinet de