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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/509

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De mon côté, je ne m’attendais point à ce que l’Allemagne accomplît aussi brusquement l’acte irréparable. Dans la douleur qui m’étreint, ce n’est guère, je l’avoue, à la Russie que je pense ; c’est surtout à la France menacée. Je réponds à l’ambassadeur qu’il appartient au gouvernement seul de se prononcer sur la question qu’il m’adresse, que je vais faire convoquer immédiatement les ministres, qu’ils seront, je le suppose, d’avis de tenir les engagements de l’alliance, mais que je crois de l’intérêt de la France et même de l’intérêt de la Russie de retarder de quelques jours l’accomplissement de nos obligations, d’abord parce que mieux vaut pousser plus loin notre mobilisation avant l’entrée en guerre, ensuite et surtout parce que nous préférerions, à tous égards, n’avoir pas à déclarer nous-mêmes la guerre à l’Allemagne et lui laisser le triste honneur de l’initiative. Je fais appeler les ministres. Ils arrivent très rapidement à l’Ëlysée, sauf M. Couyba, qui n’a pas été touché par la convocation. Je mets le conseil au courant de la démarche de M. Isvolsky. Il approuve unanimement la réponse que j’ai faite à l’ambassadeur et charge M. Viviani de la lui confirmer. M. Isvolsky est resté dans le salon des officiers. M. Viviani va l’y trouver. Il lui répète que la France tiendra ses engagements, mais que vaut mieux ne rien décider avant quelques jours. M. Isvolsky préférerait une déclaration immédiate et publique. Mais il finit par se contenter de notre réponse et s’en va, la mine lugubre. Le conseil continue sa séance et examine, avec


    à la mise en circulation de ce mot. (Diary of Lord Bertie of Thame,t. I, p. 66.)