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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/51

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qui lui a été imposé en Albanie. La France n’est pas libre de défaire, à elle seule, un règlement qui est l’œuvre collective des Puissances.


Jeudi 29 janvier

M. Delcassé télégraphie à M. Doumergue qu’il a présenté, ce matin même, ses lettres de rappel à l’Empereur, avec qui il a eu une longue conversation. Nicolas II lui a dit que l’affaire Sanders avait rendu manifeste la menace allemande contre des intérêts essentiels de la Russie. Le commerce russe se développe, grâce à l’amélioration des moyens de transport et à l’accroissement de la population. Il est impossible, d’après l’Empereur, de laisser à l’Allemagne la faculté de prendre le masque de la Turquie pour fermer les détroits à l’exportation russe. Le Tsar a raconté que, pendant les premiers mois de son règne, il était assailli de lettres où Guillaume II lui représentait l’avantage du retour à la politique des trois Empereurs. Un jour que, dans une rencontre, l’Empereur d’Allemagne reprenait ce thème, Nicolas II lui a répondu : « Je considère comme sacré l’héritage de mon père ; j’estime que ce que mon père a fait est pour le bien de la Russie. J’espère que nous continuerons à vivre en paix ; mais je persisterai dans la voie tracée par mon père. » Depuis ce jour, a dit le Tsar, Guillaume II n’a plus abordé ce sujet. » Mais Nicolas II n’a fait, devant M. Delcassé, aucune allusion à l’entrevue de Bjœrke3.



3. Voir Le lendemain d’Agadir, p. 287, 288, 289.


Vendredi 30 janvier

M. Déroulède est mort à Nice, où j’avais entrevu sa haute taille dans la