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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/50

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données par la Grèce pour que les îles qui lui sont assignées ne soient ni fortifiées, ni utilisées dans un intérêt militaire. L’attribution définitive au gouvernement hellénique n’aura lieu, du reste, que lorsque les troupes grecques auront évacué les territoires réservés à l’Albanie. Telle est la décision solennelle des puissances, mais jusqu’ici l’Europe est fort embarrassée pour dire comment elle la fera respecter.


Mercredi 28 janvier

Le Roi Christian de Danemark nous informe qu’il doit aller à Londres dans le courant de mai et qu’il viendra ensuite à Paris vers le 16. Il est entendu que je lui rendrai sa visite, en m’arrêtant à Copenhague, vers la fin de juillet, à mon retour de Russie et de Suède. Que de politesses officielles en perspective, et quand pourrai-je aller, cet été, m’asseoir à l’ombre de mes forêts meusiennes ?

Dans un long télégramme, M. Boppe insiste encore pour que le gouvernement de la République autorise le plus tôt possible l’emprunt turc. Il croit Djemal, Enver Pacha et leurs amis disposés, depuis une quinzaine de jours, à se rapprocher de la Triple-Entente. Mais il faudrait, dit-il, faciliter le règlement de la question des îles par l’échange de Chio et de Mételin contre le Dodécanèse. M. Gaston Doumergue vient m’entretenir de cette communication, qui heurte ses idées de prudence. Il craint que M. Boppe ne se paye d’illusions et ne se laisse circonvenir par les Jeunes-Turcs. Comment pourrions-nous faire espérer à la Turquie un échange contraire à la décision de l’Europe ? Chio et Mételin ont été attribuées à la Grèce, et cela en partie comme compensation du sacrifice