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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/74

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comme pour s’excuser de cette ignorance il ajoute : « Mais je suis allé en Palestine et en Égypte. » Il compte s’installer à Durazzo, de manière à pouvoir; en cas d’alerte, s’embarquer plus vite pour Trieste. Il n’a aucun programme, et part avec la belle inconscience d’un voyageur, qui se réserve de lire son Bædeker au retour.


Samedi 21 février

M. Doumergue soumet au conseil des ministres l’arrangement qui, après des négociations si laborieuses, vient d’être paraphé à Berlin sur les affaires d’Asie Mineure. Le conseil y donne son approbation et M. Doumergue en prévient M. Jules Cambon. C’est un nouveau témoignage de notre esprit de conciliation que nous offrons à l’Allemagne. Puisse-t-elle s’en rendre compte et nous en savoir gré !


Dimanche 22 février

Je reçois M. Paul Cambon dans la matinée. Le Roi d’Angleterre, me dit-il, a exprimé lui-même le désir que l’accord anglo-allemand relatif aux colonies portugaises ne fût pas publié. De son côté, sir Edward Grey a déclaré, il y a deux jours, à notre ambassadeur, que le gouvernement renonçait à cette publication. Sur une question qui pourrait éveiller les susceptibilités de l’opinion française, l’entente paraît donc complète entre la Couronne et le cabinet britannique. Si la convention n’est pas promulguée, Grey, qui, par scrupule constitutionnel, ne veut pas conclure de traité secret, ne donnera certainement point la signature définitive, et tout tombera. C’est le ferme espoir de M. Paul Cambon.

Il me raconte en souriant qu’il a vu M. Joseph Caillaux, et que celui-ci, obsédé par le souvenir de