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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 6, 1930.djvu/142

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ment, nous passons à côté de batteries de 75 en action et les laissons derrière nous. Puis, nous gravissons une hauteur boisée, où le général Vidal est installé avec quelques hommes, en un point que les Allemands ont repéré depuis déjà quelques jours et qu’ils ont pris l’habitude d’arroser de projectiles. En ce moment, ils s’abstiennent de tirer. Le haut de la colline est sillonné de tranchées et de boyaux de communication qui conduisent à des observatoires recouverts de rondins et de feuillages. Les hommes appellent ce poste de commandement le balcon. De là, nous voyons parfaitement la cote 196 et le terrain gagné dans les dernières batailles, mais constamment aspergé depuis lors par l’artillerie ennemie. Nous revenons à pied dans les terres labourées par les obus. Nous visitons à Wargemoulin les cantonnements établis dans les caves ou dans de véritables cavernes. Les hommes sont pleins d’entrain. Nous remontons la vallée de la Tourbe. À Laval, nous nous arrêtons un instant au P. C. du général Grossetti, aujourd’hui chef du XVIe corps ; il commandait précédemment la division qui s’est si brillamment conduite à Nieuport. À Saint-Jean-sur-Tourbe, nous faisons halte à des ambulances installées dans l’église et sous des tentes. Beaucoup de plaies de poitrine ou de tête. À Somme-Tourbe, grands baraquements en planches, très bas et hâtivement construits, où les hommes sont heureux de venir se reposer sur la paille, les jours de relève. De là, nous rejoignons, à quatre ou cinq kilomètres vers le nord-ouest, le parc d’aérostation du XVIIe corps, installé dans des boqueteaux de sapins. Officiers et sapeurs se sont bâti des baraques en planches, autour desquelles ils ont dessiné de petits jardins avec de la rocaille et des décors de coquillages.