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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 6, 1930.djvu/74

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pas en guerre avec les peuples d’Allemagne et d’Autriche, mais seulement avec les gouvernements de ces pays, qui les oppriment. » — « Ils désirent que, dans toute l’Europe, les populations qui ont été annexées par la force reçoivent le droit de disposer librement d’elles-mêmes ». — « Ils protestent contre l’arrestation des membres de la Douma, contre la suppression des journaux socialistes russes et la condamnation de leurs rédacteurs en chef, contre l’oppression des Finlandais et juifs russes. » Ainsi, ingérence dans les affaires des pays alliés, illusion sur l’existence d’un divorce immédiat entre le peuple allemand et son Empereur, droit de la France sur les provinces annexées subordonné à la nécessité d’un plébiscite, condamnation publique d’un gouvernement allié, voilà comment le Congrès de Londres a jugé bon, devant l’ennemi, de favoriser l’action militaire de la Triple-Entente. Une grande partie de l’opinion française est profondément émue de cette manifestation intempestive et, en Conseil des ministres, Jules Guesde lui-même n’hésite pas à la trouver regrettable. Il répète que la Lorraine et l’Alsace nous ayant été arrachées par la violence, il ne saurait y avoir prescription contre ce crime. Il considère, d’ailleurs, que la résolution votée est surtout une opération tactique, destinée à expliquer la volonté, nettement affirmée, des socialistes de combattre jusqu’à la victoire.

Delcassé a cru prudent de prévenir les observations que ce Congrès de Londres pourrait inspirer au gouvernement russe et il a télégraphié à Paléologue (n° 287) : « Dans le cas où vous seriez interrogé sur la présence de M. Sembat au Congrès socialiste de Londres, et même avant d’être interrogé, ce qui peut être préférable, veuillez faire remarquer