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Page:Poisson - Heures perdues, 1895.djvu/253

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J’aimerais vivre encor, mais ce n’est plus pour moi ;
Le rappel peut sonner sans me causer d’émoi.
Si je veux prolonger mon utile vieillesse,
— Que le ciel me pardonne, hélas ! cette faiblesse —
C’est que, je l’ai compris, toujours la même main
Apprend à mieux bénir, montre mieux le chemin ;
La même voix, malgré qu’elle soit défaillante,
Sait mieux encourager la vertu chancelante,
Et le même regard, qu’il se mouille de pleurs
Ou qu’il soit souriant, pénètre mieux les cœurs.
À la voix du berger le troupeau s’accoutume :
Il reconnaît son pas et même son costume ;
Mais qu’un pâtre nouveau succède au vieux berger,
Le bercail n’entend pas la voix de l’étranger.


Depuis, les cheveux blancs jusqu’à la tête blonde,
Intime ami de tous, je connais tout le monde,