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Page:Poisson - Recherches sur la probabilité des jugements en matière criminelle et en matière civile, 1837.djvu/408

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de et qui se rapportent à la France entière, sans distinction de l’espèce de crimes, c’est-à-dire si l’on fait = 0,6391 et = 0,7494, il en résultera

= 0,0201, = 0,0113, = 0,0314 ;

ce qui suffit pour montrer combien doit être rare une décision unanime de douze jurés. Si l’on exigeait que le verdict du jury fût prononcé à l’unanimité, soit qu’il condamne, soit qu’il absolve, il y aurait, d’après cette valeur de près de trente-deux à parier contre un qu’aucun jugement ne serait rendu ; et cela arriverait 32 fois sur 33 environ, si les jurés ne communiquaient pas entre eux, et ne convenaient pas, pour en finir, de s’arrêter à une simple majorité.

En appelant la probabilité que dans un nombre de jugements, il n’y en a eu ou il n’y en aura aucun qui soit unanime, on aura

 ;

et si l’on veut que soit , il faudra qu’on ait

= 21,73,

en employant toujours la valeur précédente de . Par conséquent, ce ne serait que dans 22 affaires qu’on pourrait parier un peu plus de un contre un, qu’un jugement au moins serait rendu à l’unanimité. Il y aurait du désavantage à faire ce pari pour un nombre d’affaires moindre d’une unité.

(142). Avant d’aller plus loin, il est nécessaire de rappeler ce qui a été dit au commencement de cet ouvrage, sur le sens que nous attachons au mot coupable dans les jugements des jurys, et d’en déduire quelques conséquences importantes.

Lorsqu’un juré prononce qu’un accusé est coupable, il affirme qu’à ses yeux, il y a preuve suffisante pour que l’accusé soit condamné ; s’il prononce que l’accusé n’est pas coupable, il entend par là que la probabilité de la culpabilité n’est pas assez grande pour la condamnation ; mais son vote négatif ne signifie pas qu’il croît l’accusé innocent ; et, sans doute, il arrive plus souvent qu’il le croît plutôt