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Page:Poisson - Recherches sur la probabilité des jugements en matière criminelle et en matière civile, 1837.djvu/409

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coupable. Il aura jugé que la probabilité que l’accusé soit coupable, pouvait surpasser , mais qu’elle était cependant inférieure à celle que sa conscience et la sécurité publique exigeaient pour que l’accusé fût condamné. Le sens réel du vote affirmatif ou négatif d’un juré, est donc que l’accusé est ou n’est pas condamnable ; par conséquent, les probabilités et de la bonté d’un jugement de condamnation ou d’acquittement (no 120), expriment aussi les raisons que nous avons de croire que l’accusé était condamnable, lorsqu’il a été condamné, et qu’il n’était pas condamnable quand il a été acquitté : est sans doute moindre que la probabilité réelle de la culpabilité d’un condamné, et, au contraire, surpasse la probabilité de l’innocence d’un accusé absous ; mais ces autres probabilités ne pourraient être aucunement déterminées par le calcul, qui ne s’applique qu’aux probabilités et , ainsi définies et considérées dans de très grands nombres de jugements de la même nature. On ne doit pas croire non plus que ces quantités et soient l’expression de l’opinion générale, en ce sens qu’elles exprimeraient les probabilités d’une condamnation ou d’un acquittement par un jury composé de tous les citoyens qui sont compris sur la liste générale où les jurés, au nombre de douze, ont été pris au hasard ; car la chance d’une condamnation, par un jury d’un nombre quelconque de personnes, est inférieure à la fraction que nous avons désignée par (no 118), laquelle est beaucoup moindre, en général, que la valeur de  ; et de même la chance d’un acquittement est toujours inférieure à la fraction , beaucoup moindre, elle-même, que la valeur de .

Pour les jurés du ressort de chaque cour d’assises, et pour chacun des deux genres de crimes que nous avons distingués, on doit donc concevoir qu’il y a une certaine probabilité , jugée suffisante et nécessaire pour la condamnation. Cela étant, la chance , qu’un juré pris au hasard sur la liste de ce département ne se trompera pas dans son vote, est la probabilité qu’il jugera celle de la culpabilité de l’accusé égale ou supérieure à , si elle l’est effectivement, ou bien, inférieure à , si, en effet, elle n’atteint pas cette limite. Cette probabilité dépend principalement du degré d’instruction de la classe des personnes portées sur la liste générale des jurés, et la probabilité , de l’opinion qu’elles se for-