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Page:Poisson - Recherches sur la probabilité des jugements en matière criminelle et en matière civile, 1837.djvu/423

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pour déterminer la probabilité que l’accusé est coupable, après qu’il a été condamné ; et, au moyen des valeurs précédentes de , , , il en résulterait

= 0,9976 ;

ce qui montre combien cette probabilité différerait peu de la certitude. Mais ce résultat est fondé sur une valeur hypothétique de ou de , dont nous ignorons le degré d’exactitude. Cependant, il serait intéressant de pouvoir comparer, d’une manière certaine, la justice militaire à celle des cours d’assises, sous le rapport de la probabilité des jugements. Pour cela, parmi les condamnés militaires, outre le rapport 2/3 de leur nombre total à celui des accusés, il faudrait encore connaître le rapport du nombre des condamnés, soit à l’unanimité, soit à l’une des deux majorités de six voix contre une ou de cinq voix contre deux, à ce même nombre des accusés. Malheureusement cette seconde donnée ne nous est pas fournie par l’observation, et nous ne pouvons y suppléer par aucune hypothèse qui ait quelque probabilité.

(147). Il nous reste, pour terminer cet ouvrage, à considérer la probabilité des jugements des tribunaux en matière civile.

Dans un procès civil, il s’agit de juger entre deux parties qui plaident l’une contre l’autre, laquelle a le bon droit de son côté. Cela serait décidé avec certitude par des juges qui n’auraient aucune chance de se tromper ; et quel que fût leur nombre, le jugement serait toujours prononcé à l’unanimité. Mais il n’en est point ainsi. Il arrive souvent que deux juges également éclairés, qui ont examiné un même procès avec toute leur attention, portent néanmoins des jugements contraires, l’un donnant gain de cause à la partie que l’autre condamne. On doit donc admettre qu’il y a pour chaque juge, une chance de se tromper dans son vote, ou de ne pas juger comme aurait fait un juge idéal pour lequel toute cause d’erreur serait impossible. Elle dépend du degré d’instruction et de l’intégrité du juge : on ne la connaît pas à priori ; et sa valeur devra être déduite de l’observation, s’il est possible, par les moyens que l’on va indiquer. Lorsque cette chance, ou la chance contraire, aura été déterminée pour tous les juges d’un tribunal, on en conclura la probabilité de