Page:Potvin - Peter McLeod, 1937.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
Peter McLeod

Dufour. Il n’insista pas davantage. Ayant allumé ses fanaux qu’il prit deux par deux dans chaque main, il se dirigea vers la porte et dit avec émotion :

« Enfin, fais c’que tu voudras, Fred. Je t’admire, tu sais, ce que tu veux faire là, c’est pour ma fille… la pauvre enfant… pourvu qu’on l’ait pas fait souffrir, les bandits. J’sais qu’elle est courageuse et brave… Tu le sais aussi, hein, Fred ?

Fred Dufour sortit avec Jean Gauthier sur le seuil de la porte. L’obscurité régnait déjà dans tout le bourg. Ici et là une lumière clignotait dans les ténèbres. Les baraques en rondins s’éparpillaient alentour comme si elles étaient tombées d’une enfantine boîte de jouets.

« Ah ! diable de diable ! » cria Jean Gauthier disparaissant dans le crépuscule indécis, « et les hommes qui m’attendent avec les fanaux !…


La lune teintait encore la nature blanche et silencieuse de sa clarté vert jaune quand Fred Dufour quitta le bourg et s’engagea dans les écarts de la Belle-Rivière, lui aussi, sur la route du Père DeQuen… Elle fut rude pour Fred Dufour, cette route parcourue en 1646 par l’héroïque découvreur du lac Saint-Jean. Le premier jour, tout se passa assez bien et il arriva sans encombres au pied du lac Kénogami. Il passa la nuit dans un vieux campe construit naguère par la Compagnie de la Baie d’Hudson. Le lendemain, comme il s’avançait sur le lac, de petites poussées de vent commencèrent à enrouler la neige en fuseau. À l’horizon. des nuages se mirent à monter en minces ru-