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Page:Potvin - Peter McLeod, 1937.djvu/146

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Peter McLeod

avait là Fred Dufour, celui en somme, qui, là-bas, dans la maison du moulin, à Chicoutimi, avait été un instant son maître… Et celui-là, Tommy Smith, qui fut la terreur de ses hommes, pendant des années… Il était là, lui aussi, qui n’était assurément pas une jeunesse… Enfin… là, encore en face de lui, Mary Gauthier qui le regardait de ses grands yeux rieurs, couleur des campanules qui fleurissent à la lisière du bois. Il la sentait là, rieuse et épanouie, comme un beau fruit chargé de suc…

Le silence dura bien deux bonnes minutes, comparable à celui qui précède un ouragan. On s’attendait à une attaque brutale, démesurée, à un ruissellement d’injures où l’on avait aucune raison de s’attendre à percevoir le langage des enfants de chœur…

Mais voilà que soudain les lèvres de Peter McLeod esquissèrent un large sourire… C’était désarmant. Et ce fut comme un rayon de soleil, un matin sombre et brumeux d’automne. Tommy Smith, le premier, en fut émerveillé et, instinctivement, il tendit la main vers la bouteille, l’indiquant aux deux visiteurs, comme une sorte d’arche d’alliance.

Au sein de « l’honorable Compagnie » comme parmi les hommes de Price et chez les sauvages, Peter McLeod jouissait de la réputation d’un homme violent dont les colères étaient à redouter, et on le connaissait ainsi même chez ceux qui ne l’avaient jamais vu. D’ailleurs, il y tenait ferme à cette renommée ; elle était son orgueil et il faisait, semblait-il, de continuels efforts pour l’entretenir intacte… Cette fois, elle subissait un fameux accroc… Le rayon de so-