Aller au contenu

Page:Potvin - Peter McLeod, 1937.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
145
Peter McLeod

leil de son pâle sourire dut, les jours d’après, faire lourdement souffrir son orgueil de matamore. Il dut trembler pour son prestige futur auprès de ses hommes.

Aussi, les premiers mots qui se présentèrent à ses lèvres avant même que celles-ci eussent livré passage à la large rasade d’alcool qu’il se servit, obéissant automatiquement à la muette invitation de Tommy Smith, furent à l’adresse de Fred Dufour :

« Surtout, Fred… pas un mot de ces affaires-là, là-bas !…

Fred Dufour comprit. Il fit un signe qui voulait dire qu’il serait muet comme une souche. Et quand tout le monde eut trinqué, Peter McLeod simulant assez comiquement une grande colère, histoire de ne pas perdre ses bonnes habitudes, cria plutôt qu’il demanda !… »

« Maintenant, allez-vous m’expliquer ?… »

Tommy Smith, complaisant, se rendit à la brutale invitation… Une plaisanterie, une farce, un bon tour, comme il avait expliqué à Fred Dufour, voilà tout. L’incident devait marquer la fin de la lutte sournoise que se livraient, contre leurs intérêts communs et depuis trop longtemps, les hommes de l’« honorable Compagnie » et ceux des chantiers de coupe de bois établis le long des grandes rivières canadiennes. Il fallait faire savoir à ceux de Price et de McLeod que le diable n’était pas aussi noir que les anges voulaient le faire croire… Et puis, Mary Gauthier n’avait-elle pas joué dans cette histoire, un rôle qui atténuait sensiblement ce qu’il pouvait y avoir de mau-