Aller au contenu

Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/445

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 415 —

cueil de Louis IX, de Notre-Dame de Paris à la basilique de Saint-Denis ! Il faut avouer que ce fils transportant ainsi les cendres de son père — un pestiféré — présentait un spectacle qui ne manquait pas de grandeur et bien fait pour émouvoir les foules misérables, ignorantes, fanatisées et naïves de l’époque.

Trois autres haltes entre la léproserie de Saint-Lazare et la basilique de Saint-Denis furent également indiquées par d’autres monuments, identiquement pareils au premier. Malheureusement ils furent tous détruits en 1793 et c’est d’autant plus fâcheux qu’ils étaient comme les témoins d’un calvaire filial héroïque, historique, vrai et vécu, tandis que celui de Jésus n’est vraisemblablement qu’une légende ou un symbole. Vous voyez d’ici ce fils ployant sous le poids du cercueil de son père — un coin des rêves et des terreurs de l’Orient sur ses épaules, — ruisselant, haletant, s’arrêtant à la porte de Saint-Lazare, après la rude montée de la côte ; entouré des hommes d’armes dévoués de l’Aragon, de tout un peuple vivant dans le rêve mystique d’un siècle de servitude sacerdotale ! La sueur tombant goutte à goutte de son front, pendant la halte, coulait sur ses pieds nus, couverts de poussière et, y marquait des ronds blancs qui faisaient plus ressortir encore et la forte musculature et la fatigue de l’homme-roi…

Tout cela ne manquait pas de mise en scène, sinon de véritable grandeur, car il ne faut pas oublier que c’est ce même Philippe le Hardi, fils de