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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/101

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mandé à lui parler à l’écart, lui avait offert, pour obtenir la vie, non seulement de lui représenter la fille du seigneur Condoidi, mais de la lui livrer secrètement pour son sérail ; et que sur le détail qu’il lui avait fait de plusieurs circonstances, il avait eu l’art de lui faire trouver quelqu’air de vérité de cette promesse. Mais tous les mouvements qu’on s’était donné pour la découvrir, avaient été inutiles ; et jugeant enfin que c’était l’artifice d’un malheureux, qui employait le mensonge pour retarder son supplice, l’indignation qu’il avait eue de sa hardiesse et de son infamie, n’avait servie qu’à lui faire hâter sa mort. Je ne pus m’empêcher de communiquer à ce premier juge des Turcs quelques réflexions sur sa conduite.

« Qui vous empêchait, lui dis-je, de garder quelques jours de plus votre prisonnier, et de prendre le temps de vous procurer des informations dans les lieux où il avait demeuré depuis son crime ? Ne pouviez-vous pas le forcer de vous découvrir où la dame Grecque était morte, et par quel accident il l’avait perdue ? Enfin n’était-il pas aisé de remonter sur ses traces, et de les suivre jusque dans les moindres circonstances ? C’est notre méthode en Europe, ajoutai-je, et si nous n’avons pas plus de zèle que vous pour l’équité, nous nous entendons mieux à la recherche du crime. »

Il trouva mes conseils si justes qu’il m’en fit des remerciements, et quelques discours