Aller au contenu

Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il ajouta sur l’exercice de sa profession me persuadèrent que les Turcs ont plus de gravité que de lumières dans leurs tribunaux de Justice.

Avec le nom du seigneur Grec, je tirai du cadi le lieu de sa demeure : c’était une petite ville de la Morée, que les Turcs nomment Acade. Il ne me parut pas aisé d’y trouver tout d’un coup de la communication, et je pensai d’abord à m’adresser au Bacha de cette province. Mais ayant appris qu’il se trouvait à Constantinople quantité de marchands d’esclaves du même pays, je fus si heureux que le premier chez lequel je me fis conduire, m’assura que le seigneur Condoidi n’avait pas quitté cette ville depuis plus d’un an, et qu’il y était connu de toutes les personnes de la Nation. La difficulté n’était plus qu’à trouver sa maison. Le marchand d’esclaves me rendit aussitôt ce service. Je ne différai pas à m’y rendre, et mon ardeur redoublant par le succès de mes premiers soins, je crus toucher à l’éclaircissement que je désirais.

La maison et la figure du seigneur grec ne me donnèrent point une haute idée de ses richesses. Il était d’une de ces anciennes familles, qui conservent moins de lustre que de fierté de leur noblesse, et qui dans l’abaissement où elles sont tenues par les Turcs, n’oseraient faire parade de leur bien, si elles en avaient assez pour vivre avec plus de distinction. Condoidi, qui avait l’air en un mot