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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/115

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— Je ne doute point, me dit-il, qu’elle ne soit ou sur le vaisseau messinois, qui ne doit mettre à la voile que dans deux jours, ou dans une hôtellerie grecque où je l’ai conduite sur le port.

— Hâtez-vous d’y retourner, repris-je impétueusement ; engagez-la sur-le-champ à revenir chez vous. Gardez-vous de reparaître sans elle, ajoutai-je enjoignant la menace à cet ordre ; je ne vous dis point tout ce que vous avez à redouter de ma colère si je ne la vois point avant midi. »

Il allait sortir sans s’expliquer. Mais dans le mouvement qui m’agitait, troublé de mille craintes que je ne m’arrêtai pas à démêler, je pensais que tout ce que je ne ferais pas moi-même serait ou trop lent ou trop incertain. Je le rappelai. Avec la connaissance que j’avais de la langue, il me parut aisé d’aller au port et de m’y mêler dans la foule sans être reconnu !

« Je veux vous accompagner, lui dis-je. Après m’avoir trahi si cruellement, vous ne méritez plus ma confiance. »

Mon dessein était de sortir à pied vêtu simplement et sans autre suite que mon valet de chambre. Le maître de langues s’efforça, tandis que je m’habillais, de se rétablir dans mon esprit par toutes sortes d’excuses et de soumissions. Je ne doutai point qu’il ne fût entré quelque motif d’intérêt dans ses vues. Mais prêtant peu d’attention à ses discours, je ne m’occupais que