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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/124

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Mais d’autres espérances avaient amené à Constantinople le père et ses enfants, et c’était apparemment ce qui causait leur cruauté pour Théophé. Un riche Grec, leur proche parent, avait fait un testament à sa mort, par lequel il leur laissait tout son bien, à la seule condition que l’Église n’eût aucun reproche à leur faire du côté de la religion et de la liberté, deux sortes de mérites dont toute la nation grecque est extrêmement jalouse. Et l’Église, c’est-à-dire le patriarche et les suffragants, qui étaient établis les juges de cette disposition, avaient d’autant plus d’intérêt à ne se pas rendre trop faciles, qu’ils étaient substitués aux légataires dans le cas qui les excluait de la succession. La femme de Condoidi avait été enlevée dans ces circonstances, et les prélats grecs n’avaient pas manqué de faire valoir l’incertitude de son sort et de celui de sa fille, comme un obstacle à l’exécution du testament. De là venait que Condoidi, après avoir reconnu son intendant, avait moins pensé à faire des informations sur les aventures de sa femme et de sa fille, qu’à faire punir son ravisseur, aussitôt qu’il s’était reconnu coupable de l’enlèvement et qu’il avait déclaré leur mort. Il avait espéré que, dans quelque situation qu’elles eussent pu tomber, la connaissance en serait ensevelie avec lui. N’ayant pas même ignoré la confidence que ce misérable avait faite au cadi, il avait été le plus ardent à la faire passer