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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/125

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pour une imposture, et il n’avait point eu de repos qu’il ne l’eût vu conduire au supplice. À la vérité, le patriarche n’en paraissait pas plus disposé à lui abandonner l’héritage ; et, ne se contentant point d’un témoignage de mort, il voulait des preuves dont Condoidi croyait pouvoir se dispenser. Sa fille, présentée à lui comme si elle était tombée du ciel, l’avait jeté dans une mortelle alarme. Loin d’être porté à faire examiner sur quoi elle fondait ses prétentions, et par quelle aventure elle se trouvait à Constantinople, il redoutait tous les éclaircissements qui pouvaient nuire à ses espérances. Enfin, s’étant persuadé qu’après la mort de l’intendant, elle aurait beaucoup de peine à prouver la vérité de sa naissance, il s’était arrêté au parti, non seulement de ne pas la reconnaître, mais de l’accuser même d’imposture, et de solliciter sa punition, si elle entreprenait de faire éclater les droits qu’elle s’attribuait.

« Et je suis trompé, s’il n’a pas formé quelque dessein plus terrible ; car nous l’avons vu, depuis votre visite, dans une agitation qu’il n’a jamais sans quelque effet extraordinaire, et je n’ose vous dire de quoi la haine et la colère l’ont quelquefois rendu capable. »

Ce récit me persuada que Théophé réussirait difficilement à rentrer dans les droits de la nature ; mais je m’alarmai peu des intentions de son père, et quelque voie qu’il