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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/126

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pût chercher pour lui nuire, je me flattai de la défendre aisément de ses entreprises. Cette pensée me fit même abandonner le dessein que j’avais toujours eu de lui laisser ignorer qui j’étais, ou du moins l’intérêt que je prenais à sa fille. Je pressai au contraire son fils de le voir dès le même jour, autant pour lui déclarer que je prenais Théophé sous ma protection, que pour lui apprendre l’amitié que je marquais à ce jeune homme en le recevant chez moi. Sur-le-champ, je fis chercher deux esclaves, tels que je les jugeai nécessaires à de nouveaux arrangements qui me venaient à l’esprit, et n’attendant que le soir pour les commencer, je me rendis chez le maître de langues à l’entrée de la nuit.

Mon valet de chambre m’attendait avec impatience. Il avait été vivement tenté pendant le jour de quitter le poste où je l’avais attaché, pour me venir rendre compte de quelques observations qui lui avaient, paru importantes. Le messager du Sélictar était venu avec de riches présents, et le maître de langues l’avait entretenu fort longtemps d’un air très mystérieux. Mon valet, qui n’entendait point la langue turque, avait affecté d’autant plus aisément de ne rien remarquer, que n’espérant point de recueillir leurs discours, il s’était réduit à les observer dans l’éloignement. Ce qui lui avait paru le plus étrange, était d’avoir vu les présents du Sélictar acceptés de fort bonne grâce par le