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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/128

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d’avoir manqué au devoir de la probité, je lui déclarai qu’il n’avait plus rien à espérer de mon amitié. Cette chaleur fut une imprudence. L’empire que j’avais sur un homme de cette sorte m’empêcha d’y faire réflexion tout d’un coup, et la résolution où j’étais d’ailleurs de faire changer de demeure à Théophé me délivrait du besoin que j’avais eu de ses services.

Les deux esclaves que j’amenais me venaient d’une main si sûre, que je pouvais me reposer sur eux avec une parfaite confiance. Je leur avais expliqué mes intentions, et je leur avais promis la liberté pour prix de leur fidélité et de leur zèle. La femme avait servi dans plusieurs sérails. Elle était Grecque comme Théophé. L’homme était Égyptien, et quoique je n’eusse fait aucune attention à leur figure, ils étaient tous deux d’un air supérieur à leur condition. Je les présentai à Théophé. Elle ne fit pas difficulté de les recevoir ; mais elle me demanda de quelle utilité ils lui pouvaient être dans le peu de séjour qu’elle devait faire à Constantinople.

J’étais seule avec elle. Je pris le moment pour lui faire l’ouverture de mon projet. Mais quoiqu’il fût médité et que je me flattasse encore que ma proposition serait écoutée volontiers, je ne me trouvai point la facilité que j’avais ordinairement à m’exprimer. Chaque regard que je jetais sur Théophé me faisait éprouver des mouve-