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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/129

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ments que j’aurais trouvé plus de douceur à lui expliquer qu’à lui proposer brusquement le genre de liaison que je voulais former avec elle. Cependant une agitation si confuse n’étant point capable de me faire changer tout d’un coup une résolution à laquelle je m’étais fixé, je lui dis assez timidement que l’intérêt que je prenais à son bonheur m’ayant fait regarder son départ comme une imprudence qui ne pouvait jamais être heureuse, je m’étais déterminé à lui offrir un parti beaucoup plus doux et dans lequel je pouvais lui garantir également et le repos qu’elle paraissait désirer et toutes sortes de sûretés contre les entreprises de Condoidi.

« J’ai, à peu de distance de la ville, continuai-je, une maison fort agréable par sa situation et par la beauté extraordinaire du jardin. Je vous l’offre pour demeure. Vous y serez libre et respectée. Éloignez toutes les idées du sérail, c’est-à-dire celles de solitude et de contrainte perpétuelle. J’y serai avec vous aussi souvent que mes affaires me le permettront. Je ne vous y mènerai point d’autre compagnie que celle de quelques amis Français, avec lesquels vous pourrez faire un essai des usages de ma nation. Si mes caresses, mes soins et mes complaisances peuvent servir à vous rendre la vie douce, vous ne vous apercevrez jamais que je m’en relâche un moment. Enfin, vous connaîtrez combien il est différent pour le bonheur d’une femme de partager le cœur d’un vieillard