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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/131

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duire à la campagne, je n’examinai point si elle avait compris mes intentions, ni si sa réponse était un consentement ou un refus, et je la pressai de partir sur-le-champ avec moi.

Elle ne fit point d’objection à mes instances. Je donnai ordre à mon valet de chambre de me faire amener promptement une calèche. Il était à peine neuf heures du soir. Je comptais de souper à la campagne avec elle, et que ne me promettais-je pas ensuite de cette heureuse nuit ? Mais lorsque je commençais à lui marquer ma joie, le maître de langues entre d’un air consterné, et, me prenant à l’écart, il m’apprend que le Sélictar, accompagné seulement de deux esclaves, demandait à voir Théophé. Le trouble avec lequel il m’apprit cette nouvelle ne me permit point de comprendre d’abord que ce seigneur était lui-même à la porte.

« Ah ! n’avez-vous pas répondu, lui dis-je, que Théophé ne peut recevoir sa visite ? » Il me confessa, avec la même confusion, que n’ayant pu deviner que c’était le Sélictar, et l’ayant pris pour un de ses gens, il avait cru s’en défaire en disant que j’étais avec Théophé ; mais ce seigneur n’en avait paru que plus empressé pour descendre, et lui avait même ordonné de m’avertir que c’était lui. Il me parut impossible d’éviter un contre-temps si fâcheux ; et si j’admirai de quoi l’amour rendait capable un homme de ce rang, ce fut moins pour m’appliquer