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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/132

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une réflexion qui ne me convenait guère moins qu’à lui, que pour me livrer au chagrin de lui voir renverser mes espérances. Je ne doutai point que ce ne fût qu’une nouvelle trahison du maître de langues ; mais ne daignant point tourner mes reproches sur ce perfide, je me hâtai d’exhorter Théophé à ne donner aucun avantage sur elle à un homme dont elle connaissait les intentions. Cette inquiétude devait achever de lui faire comprendre les miennes. Elle m’assura qu’il n’y avait que l’obéissance qu’elle me devait, qui pût la faire consentir à recevoir sa visite.

J’allai au devant de lui. Il m’embrassa avec affection, et badinant agréablement sur une si étrange rencontre, il me dit que la belle Grecque aurait mauvaise grâce de se plaindre de l’amitié et de l’amour. Ensuite, m’ayant répété tout ce qu’il m’avait déjà dit du penchant qu’il avait pour elle, il ajouta que dans la confiance qu’il avait toujours à ma parole, il n’était pas fâché que je fusse témoin des propositions qu’il avait à lui faire. J’avoue que ce discours et la scène qu’il m’annonçait me causèrent un égal embarras. Que je me sentais différent de ce que j’étais en effet, lorsque je lui avais protesté que la générosité seule m’intéressait au sort de Théophé. Et dans une disposition dont il ne pouvait plus me rester d’incertitude, comment pouvais-je me promettre assez de modération pour être tranquillement témoin des offres ou des