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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/158

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vos promesses, que vous m’ouvririez des voies plus sûres pour m’éloigner. Cependant, c’est vous-même qui me repoussez aujourd’hui vers le précipice dont vous m’avez tirée. Je vous ai regardé comme mon maître dans la vertu, et vous voulez me rentraîner vers le vice ; avec d’autant plus de danger pour ma faiblesse, que si elle pouvait m’offrir quelque charme, ce serait en se présentant à moi par vos mains ? Hélas ! m’étais-je mal expliquée ou feigniez-vous de ne pas m’entendre ? Les bornes de mon esprit, le désordre de mes idées et de mes expressions, ont pu vous faire mal juger de mes sentiments ; mais si vous commencez à les connaître par les efforts que je fais pour les expliquer, ne vous offensez pas de l’effet que vos propres leçons ont produit sur mon cœur. Quand vous auriez changé de principes, je sens trop bien que c’est aux premiers que je dois ma soumission, et je vous conjure de souffrir que j’y demeure attachée ! »

Ce discours, dont je ne rapporte que ce qui est resté de plus clair dans ma mémoire, fut assez long pour me donner le temps d’en pénétrer toute la force et d’y préparer ma réponse. Rempli, comme je l’étais, des réflexions qui m’avaient occupé pendant toute la nuit, j’avais été bien offensé des reproches de Théophé, bien moins affligé de ses sentiments et de ses résolutions, que je n’étais charmé au contraire de les trouver