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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/188

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Me reposant sur mes gens de l’exécution de mes ordres, je remontai aussitôt dans ma chaise, que j’avais fait préparer après avoir lu mes lettres, et j’allai prendre de nouvelles informations chez moi, avant que de rien entreprendre en faveur de mes amis.

Le crime du chef des Janissaires était d’avoir vu dans sa prison Ahmet, l’un des frères du Sultan Mustapha. On soupçonnait le Bostangi Bassi de lui avoir facilité cette visite, et l’on en voulait tirer le secret de l’Aga. Comme il était mal depuis quelque temps avec le Grand Vizir, on ne doutait point que ce ministre intéressé à sa perte ne le poussât sans ménagement ; et ce qui me causa le plus de chagrin fut d’apprendre que Chériber venait d’être arrêté avec Dély Azet, par cette seule raison qu’ils avaient passé chez l’Aga une partie du jour qui avait précédé son crime. J’aurais volé sur-le-champ chez le Grand Vizir, si je n’avais consulté que mon amitié pour le Chériber. Mais n’espérant pas beaucoup d’effet d’une sollicitation vague, je crus servir mieux mon ami en voyant d’abord le Sélictar avec qui je pouvais prendre des mesures plus justes. Je me rendis chez lui. Il en était sorti, et la tristesse que je vis régner dans sa maison me persuada qu’on y était fort alarmé de son absence. Un esclave, pour qui je lui connaissais de la confiance, vint me dire secrètement que son maître étant parti avec beaucoup de précipitation à la première