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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/192

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sait pour m’inspirer une vive alarme. Je ne pensai qu’à regagner Oru. Je demandai, en arrivant, au premier domestique qui se présenta, où était le Sélictar, et comment il se trouvait chez moi sans ma connaissance. C’était celui que j’avais chargé de reconduire Synèse. Quoique je fusse surpris de le trouver de retour sitôt, je conçus qu’il pouvait l’être avec beaucoup de diligence ; et ce ne fut qu’après qu’il m’eût assuré que le Sélictar n’était pas chez moi, que je lui demandai comment il s’était acquitté de mes ordres. Il est difficile qu’il n’eût pas laissé échapper quelque marque de confusion dans sa réponse ; mais n’ayant aucune raison de m’en défier, je ne m’arrêtai point à remarquer de quel air il me répondit qu’il avait remis Synèse chez son père. Cependant j’étais également trompé sur l’une et l’autre question ; avec cette différence, qu’il était de bonne foi sur la première, et qu’en répondant à la seconde, il avait employé le mensonge pour me cacher une trahison dont il était complice. En un mot, lorsque je demeurais persuadé que le Sélictar n’était pas venu chez moi, et que Synèse en était parti, ils y étaient tous deux, et je l’ignorai pendant plusieurs jours.

Synèse avait regardé l’ordre de son départ comme l’arrêt de sa mort. N’ayant point d’autre ressource que l’adresse pour se dispenser d’obéir, il avait fait réflexion que mes gens n’étaient point informés de mes motifs,