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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/31

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Seigneur, ou l’explication d’une visite qui leur causait apparemment beaucoup de surprise. Je les considérai successivement : leur âge me parut inégal ; mais si je n’en remarquai aucune qui me parut au-dessus de trente ans, je n’en vis pas non plus d’aussi jeunes que je me l’étais figuré, et celles qui l’étaient le plus n’avaient pas moins de seize ou dix-sept ans.

Chériber, c’était le nom du Bacha, les pria honnêtement de s’approcher, et, leur ayant appris en peu de mots qui j’étais, il leur proposa d’entreprendre quelque chose pour mon amusement. Elles se firent apporter divers instruments, dont quelques-unes se mirent à jouer, tandis que les autres dansaient avec assez de grâce et de légèreté. Ce spectacle ayant duré plus d’une heure, le Bacha fit apporter des rafraîchissements qui furent distribués dans chaque lieu du salon où elles avaient repris leur place. Je n’avais pas encore eu l’occasion d’ouvrir la bouche. Il me demanda enfin ce que je pensais de cette haute assemblée, et sur l’éloge que je fis de tant de charmes, il me tint quelques discours sensés sur la force de l’éducation et de l’habitude, qui rend les plus belles femmes soumises et tranquilles en Turquie, pendant qu’il entendait, me dit-il, toutes les autres nations se plaindre du trouble et du désordre qu’elles causent ailleurs par leur beauté. Je lui répondis par quelques réflexions flatteuses pour les dames turques.