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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/41

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de la belle Grecque, je me hâtai de les secourir l’un et l’autre par quelques mots qui les remirent également.

« Vous devez être consolée, dis-je à l’esclave, par le chagrin que votre perte cause au Bacha ; et si vous doutiez du bonheur qui vous attend, je suis assez bien avec le Sélictar pour vous garantir qu’il vous rendra maîtresse de votre sort. »

Elle leva les yeux sur moi, et sa pénétration lui fit lire ma pensée dans les miens. Chériber ne vit dans mon discours que tout ce qui se rapportait à ses idées. Le reste de notre entretien devint plus tranquille. Il la combla de présents, et il voulut que j’aidasse à les choisir. Ensuite, m’ayant prié de trouver bon qu’il en usât familièrement, il passa avec elle dans un autre cabinet, où ils demeurèrent ensemble plus d’un quart d’heure ; et je ne doutai point que ce ne fut pour lui donner les dernières marques de sa tendresse. Mon cœur était bien libre, puisque je soutins cette idée sans la moindre émotion.

Cependant, l’affaire étant si avancée qu’il n’était plus question de délibérer, je ne pensai qu’à me rendre chez moi, pour y prendre mille écus que je portai sur le champ au Sélictar. Il me demanda agréablement si je lui ferais un secret de mon aventure ; et pour unique prix du service qu’il allait me rendre, il me pria de lui apprendre du moins par quel hasard je me trouvais lié avec une