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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/42

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esclave de Chériber. Rien ne m’obligeant à la dissimulation, je lui racontai l’origine et la nature de mon intrigue. Et lorsqu’il eut marqué quelque peine à croire que ce fût ma seule générosité qui me portait à servir une fille aussi aimable que je lui avais représenté cette jeune Grecque, je lui jurai si sincèrement que j’étais sans passion pour elle, et que ne pensant qu’à la rendre libre, j’avais même quelqu’embarras sur le parti qu’elle prendrait en sortant d’esclavage, qu’il ne put lui rester le moindre doute de mes sentiments. Il me marqua l’heure à laquelle je pourrais la prendre chez lui. Je l’attendis sans impatience. Nous étions convenus de choisir le temps de la nuit, pour dérober la connaissance de cette aventure au public.

J’envoyai mon valet de chambre, vers les neuf heures du soir, dans une voiture peu éclatante, avec ordre de faire avertir seulement le Sélictar qu’il était de ma part à sa porte. On lui répondit que le Sélictar me verrait le lendemain, et qu’il remettait à me rendre compte alors de ce qu’il avait fait en ma faveur.

Ce retardement ne m’apporta point d’inquiétude. À quelque raison qu’il fallût l’attribuer, j’avais satisfait à tout ce que l’honneur et la générosité m’avaient prescrit, et la joie que pouvait me causer le succès de mon entreprise ne tirait sa force que de ces deux motifs. J’avais pensé sérieusement dans