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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/82

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chées. Il observa ma frayeur, et, se disposant à passer aux effets, il me mit dans la nécessité de lui apprendre ce que je ne pouvais lui laisser découvrir lui-même, sans exposer mes malheureux esclaves à périr par un cruel supplice. Ainsi les recherches qu’on faisait pour le dérèglement d’autrui, servirent à m’arracher mon propre secret. Je confessai à l’intendant que je cherchais à me procurer la liberté par des voies que le Bacha même ne pouvait condamner, et sans faire valoir plus longtemps mes droits, je l’assurai que je ne pensais à l’obtenir qu’à titre d’esclave, et au prix dont on la ferait dépendre. Il voulut savoir à qui je m’étais adressée. Je ne pus lui dissimuler que c’était à vous. Ma sincérité fut utile à ma compagne, dont l’intrigue demeura ensevelie ; et l’intendant charmé en apparence de ce qu’il apprenait, m’assura qu’il contribuerait volontiers à ma satisfaction par cette voie.

« Sa facilité me surprit autant que sa rigueur m’avait effrayée. J’en ignore encore les motifs. Mais trop contente de me voir délivrée d’un si terrible obstacle, je vous fis demander plusieurs fois si ma prière avait fait quelque impression sur votre cœur. Votre réponse était douteuse. Cependant l’expérience vient de m’apprendre trop heureusement que vous vous occupiez d’une malheureuse esclave, et que je dois ma liberté au plus généreux de tous les hommes. »

Si l’on a fait, en lisant ce récit, une partie