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ancien dans notre pays. Tout vieil édifice à sa valeur historique, et il faut se rappeler que cette valeur disparaît quand son authenticité n’existe plus.

En conséquence, le devoir de ceux qui sont chargés de l’entretien des vieux édifices n’est pas tant de renouveler ce qu’il en reste que de le conserver ; et cette observation s’applique à toutes les parties de l’œuvre originale qu’il est possible de sauver, car il faut se souvenir qu’une œuvre nouvelle est sans valeur ou sauf intérêt sauf quand elle sert à conserver l’ancien dessin, et que cet ancien dessin n’aura plus aucun intérêt à moins que les parties originales restent pour attester leur authenticité.

Une grande liberté d’allures est laissée dans les additions faites aux vieux dessins lorsqu’il est nécessaire d’agrandir un édifice ancien, et d’ordinaire il vaut mieux en ce cas laisser à l’architecte toute son indépendance. Alors son œuvre aura une vraie valeur historique, tandis que, s’il se contente de reproduire exactement l’œuvre ancienne à laquelle il fait des additions, il en résultera pour l’avenir une grande confusion et l’on ne saura quelle portion de l’œuvre est ancienne et quelle portion est moderne.

16° On doit veiller avec soin à ce que certains individus ne se prononcent pas pour ou contre certaines formes ou certains styles, et spécialement on doit se garder d’une théorie assez commune, à savoir qu’une église qu’on restaure doit être débarrassée de toutes les formes postérieures à quelque époque favorite, De telles idées sont dangereuses au plus haut degré, elles ont rendu plus d’une église restaurée sans valeur comme monument historique.

17° Tout ce que pourraient faire toutes les sociétés centrales ou diocésiennes d’architecture ou d’archéologie, toutes leurs visites aux édifices ayant un intérêt historique deviennent inutiles si ceux qui sont chargés de l’entretien de ces précieux restes ne suivent pas religieusement les avis que nous donnons ici, basés sur des principes indéniables et dont l’oubli a été cause que beaucoup de régions ont perdu leurs antiquités par suite de travaux hâtifs ou maladroits. Les propriétaires fonciers influents, le clergé, les marguilliers et autres doivent songer sérieusement à la responsabilité qui leur incombe et qui exige qu’ils s’opposent à toutes les destructions inutiles d’ouvrages anciens et qu’ils se fassent aider de personnes compétentes quand il s’agit d’anciens édifices. Des questions fort embarrassantes s’élèvent constamment au sujet d’édifices de dates diverses et il en résulte des difficultés au point de vue de la construction et de la chronologie, qui ont besoin d’être tranchées par un architecte ou un antiquaire expérimentés. En outre, la conservation d’un ouvrage ancien dépend en grande partie de l’ouvrier qui y travaille. Il faut donc choisir .un homme qui s’intéresse à son œuvre et qui puisse exécuter fidèlement les instructions de l’architecte. Pour prévenir tout accident pouvant résulter de l’absence de l’architecte, il est toujours désirable et en général essentiel qu’un conducteur des travaux nommé par l’architecte et familier avec les restaurations d’églises soit présent aux travaux entrepris.

18° Il faut une grande vigilance pour préserver. les anciens édifices de tout dommage ; les personnes qui résident autour ou près de l’endroit où s’exécutent les travaux les mieux conduits doivent examiner avec le plus grand soin s’ils sont exécutés réellement comme il convient pour la conservation des édifices. Quelque fréquemment que l’architecte visite les travaux qu’il dirige, il ne peut pas toujours empêcher que l’on désobéisse à ses ordres, et une inspection de chaque jour, et presque de chaque heure est souvent nécessaire. Une intervention intelligente sera toujours bien accueillie par un architecte zélé et, sans perte de temps, empêchera souvent un dommage irréparable. Les amateurs d’antiquités, les archéologistes et les antiquaires de la localité rendront toujours un grand service s’ils veillent avec soin sur les travaux qui s’exécutent aux anciens édifices.

19° Les conseils et les remarques qui précèdent s’appliquent spécialement à la restauration des églises. Le même esprit doit inspirer ceux qui possèdent d’anciens édifices, civils ou militaires ou qui sont chargés de leur entretien, attendu que ces édifices, en raison de leur rareté comparative, ont encore plus de valeur comme monuments historiques que n’en ont les églises.


Institut royal des architectes britanniques, Londres. »


La Commission décide de renvoyer ces instructions à la Commission de permanence.

M. Alfred Lamouroux énumère ensuite l’exécution des mesures adoptées au cours de la dernière séance :

Des remerciements ont été adressés à M.