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Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 1, 1857.djvu/80

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laquelle tout concourt et que rien ne semble retenir dans son envahissement successif, la rapidité et la facilité des communications, les besoins nouveaux, les aspirations qui déclassent si complètement, les individus et les familles, pour la satisfaction de quelques-uns et le malheur d’un trop grand nombre, ne sont pas des raisons suffisantes et définitives, pour enlever tout espoir de restauration, et même d’existence, à une langue si profondément en rapport avec le génie des populations méridionales, et qui est restée, malgré tout, l’interprète fidèle de leurs pensées et de leurs sentiments.

M. Combes croit que l’on ne doit pas craindre de la voir disparaître.

Le Français est bien définitivement la langue qui transmet dans le monde entier nos idées, et nous assure cette prépondérance morale à laquelle tout finit par se soumettre. Il s’est assoupli ; il a passé par toutes les épreuves qui consacrent une langue, sans la fixer définitivement. Mais sa domination extérieure, les chefs-d’œuvre qu’il a produits, la facilité avec laquelle il s’étend tous les jours, ne suffisent pas pour détruire un idiôme qui a sa raison d’être dans les mœurs, et sa force dans la constitution intime des populations qui le parlent. D’ailleurs, le patois a, par lui-même, des ressources qui assurent sa durée. Il est plein d’images, riche en expressions qui permettent de rendre toutes les nuances, en tournures qui se plient à tous les tons, qui se prêtent à tous les caprices de la pensée, à toutes les délicatesses du sentiment, à toutes les violences de la passion. L’accent est vif et sonore. La syntaxe est d’une régularité qui n’enlève rien à l’initiative de l’inspiration. Comme elle n’a pas été définitivement fixée par des œuvres capitales, elle peut s’enrichir, mais sans se dénaturer. Tous ces caractères que peu de langues réunissent au même degré, ne suffisent-ils pas pour assurer à l’antique expression du génie méridional une durée progressive ?

M. Combes examine incidemment une question qui a donné lieu à des travaux importants et à de longues discussions. C’est un