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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/113

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phie n’est qu’une manière de généraliser et d’abstraire les résultats de notre expérience, c’est-à-dire de notre travail.

Autant la loi de consommation semblait nous humilier, autant la loi du travail nous relève. Nous ne vivons pas exclusivement de la vie des esprits, puisque nous ne sommes pas de purs esprits ; mais par le travail nous spiritualisons de plus en plus notre existence : pourrions-nous dès lors nous en plaindre ?

Ici une question se pose, question des plus graves, de la solution de laquelle dépendent, et notre bien-être présent, et, s’il faut en croire les anciens mythes, notre félicité future.

Qu’est-ce qu’il faut à l’homme pour sa consommation ? Combien, par conséquent, doit-il, combien peut-il produire ? Combien a-t-il à travailler ?

La réponse à cette question sera notre troisième loi.

Observons d’abord que chez l’homme la capacité de consommer est illimitée, tandis que celle de produire ne l’est pas. Ceci tient à la nature des choses : consommer, dévorer, détruire, faculté négative, chaotique, indéfinie ; produire, créer, organiser, donner l’être ou la forme, faculté positive, dont la loi est le nombre et la mesure, c’est-à-dire la limitation.

Jetons les yeux autour de nous : tout a sa limite dans la nature créée, je veux dire douée de formes. Le globe que nous habitons a neuf mille lieues de circonférence ; il accomplit son mouvement de rotation en vingt-quatre heures, son mouvement de révolution autour du soleil en trois cent soixante-cinq jours et un quart. En tournant sur lui-même, il présente alternativement ses deux pôles à l’astre central. Son atmosphère n’a pas plus de vingt lieues de hauteur ; l’océan, qui couvre les quatre cinquièmes de sa surface, n’atteint pas, en moyenne, trois