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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/120

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choses : 1° Donner aux masses travailleuses de nouveaux besoins, ce qui ne se peut faire que par la culture de l’esprit et du goût, en d’autres termes par une éducation supérieure, dont l’effet est de les faire sortir insensiblement de la condition du prolétariat ; 2° leur ménager, par une organisation de plus en plus savante du travail et de l’industrie, du temps et des forces de reste, 3° dans le même but, faire cesser le parasitisme. Ces trois conditions du développement de la richesse se ramènent à cette formule : distribution de plus en plus égale du savoir, des services et des produits. C’est la loi d’équilibre, la plus grande, on pourrait même dire l’unique loi de l’économie politique, puisque toutes les autres n’en sont que des expressions variées, et que la loi de pauvreté elle-même en est un simple corollaire.

La science dit que ce plan n’a rien d’inexécutable ; c’est même à l’action combinée, quoique bien faible encore, de ces trois causes, l’éducation du peuple, le perfectionnement de l’industrie et l’extirpation du parasitisme, qu’est dû le peu de progrès qui s’est accompli depuis trente siècles dans la condition économique de l’humanité.

Mais qui ne voit que si, par l’éducation, la multitude travailleuse s’élève d’un degré dans la civilisation, dans ce que j’appellerai la vie de l’esprit ; si sa sensibilité s’exalte, si son imagination se raffine, si ses besoins deviennent plus nombreux, plus délicats et plus vifs, la consommation devant se mettre en rapport avec ces nouvelles exigences, le travail par conséquent augmenter d’autant, la situation reste la même, c’est-à-dire que l’humanité, croissant en intelligence, en vertu et en grâce, comme dit l’Évangile, mais ne gagnant toujours que le pain quotidien du corps et de l’âme, reste matériellement toujours pauvre ?

Ce qui se passe en France, à cette heure, en est la