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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/128

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CHAPITRE III


ILLUSION DE LA RICHESSE. — ORIGINE ET UNIVERSALITÉ DU PAUPÉRISME


La destinée de l’homme sur la terre est toute spirituelle et morale ; le régime que cette destinée lui impose est un régime de frugalité. Relativement à sa puissance de consommation, à l’infini de ses désirs, aux splendeurs de son idéal, les ressources matérielles de l’humanité sont fort bornées ; elle est pauvre, et il faut qu’elle soit pauvre, puisque sans cela elle retombe, par l’illusion des sens et la séduction de l’esprit, dans l’animalité, qu’elle se corrompt d’âme et de corps, et perd, par la jouissance même, les trésors de sa vertu et de son génie. Telle est la loi que nous impose notre condition terrestre, et qui se démontre à la fois par l’économie politique, par la statistique, par l’histoire et par la morale. Les nations qui poursuivent, comme bien suprême, la richesse matérielle et les voluptés qu’elle procure, sont des nations qui déclinent. Le progrès ou perfectionnement de notre espèce est tout entier dans la justice et la philosophie. L’augmentation du bien-être y figure moins comme récompense et moyen de félicité, que