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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/143

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sieurs espèces, telles que le mammouth, ont disparu ; d’autres tendent à disparaître. La cause principale de l’extinction de ces races est qu’elles ne trouvent pas de quoi vivre. Ainsi en est-il des classes aristocratiques, des familles à grandes fortunes. Toujours besoigneuses, au milieu de la racaille qui les suce encore plus qu’elle ne les sert, endettées, protestées, en banqueroute, de toutes les victimes du paupérisme ce sont, sinon les plus intéressantes, à coup sûr les plus irritables…

Résumons ce chapitre.

La nature, dans toutes ses créations, a pris pour maxime : Rien de trop, Ne quid nimis. L’économie de moyens, disait Fourier, est une de ses principales lois. C’est pour cela que, non contente de nous condamner au travail, elle ne nous accorde que le nécessaire, quod sufficit, et nous fait une loi de la pauvreté, devançant ainsi le précepte de l’Évangile et toutes les institutions du cénobitisme. Que si nous regimbons contre sa loi, si la séduction de l’idéal nous fait aspirer au luxe et aux jouissances, si une estime exagérée de nous-mêmes nous pousse à exiger de notre service plus que la raison économique ne nous accorde, la nature, prompte à nous châtier, nous voue à la misère.

Tous tant que nous vivons, sujets et monarques, individus et peuples, familles et corporations, savants, artistes, industrieux, fonctionnaires publics, rentiers et manouvriers, nous sommes donc constitués en pauvreté. Notre perfectibilité, la loi même de notre travail, le veut ainsi. Abstraction faite des inégalités de travail et de capacité qui peuvent donner lieu à une différence de revenu, différence imperceptible dans la masse, nous ne produisons, en somme, que juste ce qu’il nous faut pour subsister. Si quelques-uns reçoivent plus ou moins que ce qui est indi-