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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/149

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tributions de toute nature, dîmes, dispenses, annates, indulgences, etc., dont la plus grande partie s’écoulait vers Rome. Le peuple était maigre, les congrégations religieuses dans l’opulence. La papauté attirait à elle tout le numéraire. Les peuples, dont la misère attiédissait la foi, demandaient que le clergé revint à la frugalité de l’Église primitive : depuis l’Apocalypse, qui dès le premier siècle dénonçait le luxe de certains évêques successeurs des apôtres, c’est toujours la même antienne. N’est-ce pas ce que l’on dit encore aujourd’hui contre le pape ? cette criaillerie de la misère contre l’épiscopat est d’une telle monotonie qu’elle en devient fastidieuse. Les seigneurs convoitaient les biens du clergé ; les rois, jaloux d’affranchir leur temporel, ne demandaient pas mieux que de prendre leur part de ces richesses, comme fit Philippe le Bel quand il envoya les Templiers au bûcher.

Admirez du reste comme cette convoitise royale, seigneuriale, bourgeoise et plébéienne sait se couvrir de l’intérêt de la religion et des bonnes mœurs ! Les Templiers sont accusés d’immoralité et d’athéisme. Je n’affirme pas qu’ils fussent innocents ; mais personne n’aurait douté de leur vertu, s’ils avaient été moins riches. Puis, ce sont les princes qui posent à leur manière la distinction du temporel et du spirituel ; comme si l’Église n’en avait pas su plus qu’eux là-dessus ; comme si cette distinction n’impliquait pas la suprématie du pape sur les rois, juste le contraire de ce que l’on prétendait en induire !… N’oublions pas les hommes de foi sincère, promoteurs à leur insu et dupes de toutes ces révolutions, qui, tels que le sage Gerson, demandent la réforme des abus, mais ne veulent pas qu’on touche aux us. C’est a leur suite que paraissent les sectaires, Wiclef, Jean Huss, Luther, qui, faisant un pas de plus, s’en prennent résolument à la doctrine. Enfin Manzer et ses paysans disent le mot de l’affaire : ils en