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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/152

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comme nous l’avons vu, ne se peuvent trancher que par la force.

A quoi bon le dissimuler ? La loi d’incorporation ou de démembrement, que nous avons vue jouer un si grand rôle dans la politique et dans l’histoire, se présente sous un tout autre aspect lorsque, remontant de cause en cause, on vient à en rechercher les mobiles cachés. De même que l’État, organe de la force collective, incarnation de la justice, n’est en dernière analyse qu’une expression économique ; de même les rapports internationaux, les guerres et les traités de paix, malgré tout ce que le droit de la force leur confère de majesté, sont aussi des expressions économiques, des monuments de notre indigence. La cupidité terrienne, l’espoir du tribut, la soif ardente du bien de l’étranger, se cachent au fond de notre diplomatie. C’est ce qui deviendra tout à l’heure et de plus en plus sensible, lorsque, sortant des considérations générales, nous pénétrerons dans les faits…

Nous sommes donc parfaitement fondés à distinguer entre la cause première de la guerre et ses motifs ou causes secondes, celles-ci d’ordre purement politique, celle-là d’ordre exclusivement économique. Il se peut même que les motifs politiques de la guerre, plus spécieux que réels, laissent à découvert la véritable cause : cette prééminence de la cause de la guerre sur ses motifs est, comme l’on verra, un des caractères de l’époque actuelle. Est-ce une raison pour accuser toujours la mauvaise foi des princes comme le font les historiens ? Comme si les chefs d’États, ès qualités qu’ils agissent, n’étaient pas les représentants de leurs peuples, affligés du même paupérisme que leurs sujets !

En général, les motifs sur lesquels s’appuient les déclarations de guerre sont sérieux et réels ; ils traduisent une nécessité politique. Mais la cause première les domine ; et