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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/168

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vastes métairies par d’autres villes, pour ce seul motif que, dans la guerre de l’indépendance, elles avaient gardé la neutralité : quel abus de la force ! Et combien l’héroïsme des combattants de Marathon, de Salamine, des Thermopyles, perd à ce souvenir ! Mais toute chose a son commencement. L’imposition du tribut, au lieu de l’incorporation politique, telle fut d’abord l’application la plus élémentaire du droit de la force. La guerre donc ou le tribut : ce dilemme constitue à cette époque tout le droit des gens.

De même que tout individu à cette époque est citoyen ou ennemi, libre ou esclave, et toujours présumé esclave s’il ne produit ses titres à l’ingénuité ; de même toute ville incapable d’affirmer et de soutenir par les armes sa souveraineté est déclarée tributaire. On se bat en conséquence pour la possession de ces villes exclues du pacte fédéral, véritables vaches à lait de celles qui, avec le titre fédératif, possèdent la force. Puis on se bat pour l’empire de la Grèce même, nous dirions aujourd’hui pour l’unité ; on cherche à s’emparer des points stratégiques, tels que l’isthme de Corinthe, dont la possession eût assuré l’asservissement de tout le pays. La bataille de Tanagre, livrée dans ce but, ne décide rien. Dès l’année 459, qui termina la grande guerre modique, Cimon, pour détourner les Grecs de ces guerres intestines, leur montre en perspective une autre proie, la Perse entière à dépouiller. Mais pour cela il faudrait rallier les villes, concentrer les forces, et la division est au comble : à tel point que les tributaires, Mitylène, l’Eubée, la Béotie, Mégare, Potidée, Samos, etc., profitent de l’occasion pour s’insurger contre le tribut et reconquérir leur liberté.

Le fait qui détermina la guerre du Péloponëse est curieux. Corcyre, colonie de Corinthe, avait elle-même fondé une autre colonie, Épidaure. En vertu, apparemment, du principe que le croît des animaux appartient au