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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/171

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fois. Puisque Athènes, puissante par la marine et le commerce, illustre par les arts, reculait dans la guerre aux vieilles maximes, elle devait être vaincue : c’était justice. L’histoire ne souffre pas ces contradictions. Déjà l’oiseau de proie du Taygète se prépare à fondre sur la Perse, divisée par deux prétendants, et qu’occupe une armée de Grecs mercenaires. Mais les Lacédémoniens sont les plus avides et les plus impitoyables des dominateurs, et la Grèce ne peut pas rétrograder. Plutôt que de les suivre contre le grand roi, les Grecs préfèrent se mettre à sa solde. Sparte retombée dans l’isolement, Athènes redevient libre. Les victoires d’Agésilas en Asie sont annulées par Conon. Les revers se multiplient et la ville de Lycurgue, sur le point de succomber, n’échappe au péril qu’en trahissant la Grèce par la fameuse paix dite d’Antalcidas. Presque au même moment Rome était prise par les Gaulois. Pas n’est besoin de dire ce que ceux-ci venaient faire en Italie. Le monde est au pillage : Malheur aux vaincus.

Par le traité d’Antalcidas, œuvre du plus profond machiavélisme, toutes les villes grecques d’Asie étaient cédées au grand roi ; en revanche, toutes celles de la Grèce proprement dite, grandes et petites, déclarées indépendantes. C’était assassiner deux fois la Grèce. Passons sur cette cession des villes grecques d’Asie à la Perse, que Sparte n’avait aucunement le droit de faire : il n’est personne qui ne comprenne ce qu’elle avait de funeste. Mais, dit-on, en déclarant toutes les villes de l’Europe indépendantes, en affranchissant les tributaires, en proclamant l’égalité, Sparte servait la démocratie. Erreur ; c’est là, au contraire, là surtout qu’est la trahison. La Grèce ne pouvait plus vivre que par l’unité. La fédération, à cette époque, était un mot ; le seul lien qui eût pu faire de la Grèce une grande puissance, c’était la centralisation, et,