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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/172

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comme instrument provisoire de centralisation, le tribut. Par cet affranchissement général, au contraire, de même que parla reddition des villes d’Asie au roi de Perse, la Grèce était en poussière ; sa puissance était détruite dans son principe même. Il n’y avait qu’un moyen de reformer la ligue : c’était celui qu’avait indiqué Cimon, la conquête de la Perse. Mais les choses n’étaient pas mûres pour une telle entreprise, et la scission générale, produite par la paix d’Antalcidas, en rendait les Grecs définitivement incapables. Il était écrit que les dépouilles de l’Asie, si ardemment convoitées, ne seraient pas pour eux, et que même ils perdraient toutes leurs anciennes possessions. De ce moment la décadence marche à grands pas.

Aussitôt que l’abominable traité fut connu, les villes qui, comme Athènes, possédaient des tributaires, crièrent à la trahison et ne voulurent pas se dessaisir : nous connaissons les motifs, bons et mauvais, de cette protestation. Les Lacédémoniens, acharnés à leur œuvre, en prennent prétexte, de secourir lesdits tributaires ? non, de s’en emparer. Ils attaquent Mantinée, Phlionle, Olynthe, métropole de la Chalcidique, et surprennent la forteresse de Thèbes. Alors c’est le tour de la Béotie d’entrer en ligne et de prendre en main la vengeance des Grecs. Pélopidas, Épaminondas, accablent les Spartiates. Cette race de brigands aurait disparu de la scène, sans la mort d’Épaminondas enseveli dans sa dernière victoire, 362.

Justin fait ici une réflexion bien grave :


« A dater de la bataille de Mantinée, dit-il, les Athéniens tombèrent dans la torpeur et la dissolution. La coutume s’introduisit parmi eux de partager au peuple de la ville le revenu de l’état, et de dépenser en fêtes et en spectacles ce qui autrefois servait à entretenir la flotte et l’armée. »