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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/173

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On devine de quelle source provenait ce trésor qu’on trouvait bon de partager. Naturellement, s’il eût été le produit des contributions des citoyens, il eût été plus simple de réduire les taxes. Mais c’était le tribut des villes-métairies : tribut, butin, pillage et toujours pillage.

Avec la décadence des Grecs commence la fortune des Macédoniens. Philippe continue la politique de Sparte : en vertu du traité d’Antalcidas il appuie la réclamation des villes alliées et tributaires, et pour plus de sûreté s’en empare. En vain Démosthènes dénonce la tactique du roi de Macédoine : les harangues du grand orateur ne sont pour les Athéniens dégénérés qu’un spectacle de plus. Contre Philippe ils implorent le secours des Perses, devenus médiateurs dans tous les différends des Grecs depuis ce malheureux traité. D’ailleurs les Grecs n’ont jamais fait la guerre qu’en forbans ; leur syntagme n’est pas de force à résister à la phalange. Philippe, à la bataille de Chéronée, eut facilement raison d’une plèbe bavarde, dénuée de sens moral autant que de sens politique. Nommé généralissime des Grecs à l’assemblée de Corinthe, aux applaudissements de tous ceux qu’excédaient depuis un siècle et demi et la férocité Spartiate et la démagogie athénienne, il laissa à son fils Alexandre l’Europe pour héritage et l’Asie pour conquête.

L’histoire grecque nous fait voir a nu la guerre dans sa cause première et dans son développement : guerre des chefs de clans les uns contre les autres, et des nobles contre les plébéiens pendant la longue tyrannie dorienne ; guerre des villes entre elles ; enfin guerre de la Grèce, commandée par Alexandre, contre les Perses. Ces trois époques peuvent ainsi se définir : Guerre pour les dépouilles, guerre pour le tribut, guerre pour la conquête ; en un mot guerre de rapine, partout et toujours. Le préjugé qui répute le